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Absente

Nadou Fredj
    nadoufredj@yahoo.fr
    75005 PARIS
    site

Nadou Fredj questionne inlassablement l’enfance, sa propre enfance, dont elle met en avant la vulnérabilité. Elle se livre à une véritable exploration de son passé et livre les résultats de ses travaux dans des constructions plastiques qui, à l’instar des réalisations de Louise Bourgeois ou d’Annette Messager, soulignent la peur de l’avenir, l’anxiété devant le changement, les frustrations devant la croissance, l’inadaptation au monde extérieur…
     Pour ce faire, elle détourne des objets familiers, du type de ceux qui entourent une enfant, pour essayer de bâtir des structures qui se font l’écho de la progressive construction identitaire de l’individu. Il y est question de mémoire, de fabulation, du regard de l’autre, du poids social et culturel, de fragilité mais aussi d’instabilité et de désenchantement. Malgré la fantaisie faussement naïve de ses œuvres, l’univers de Nadou Fredj renvoie une image plutôt pessimiste sur l’enfance. Ses pièces sont volontairement imparfaites, comme arrêtées en cours de route, car il s’agit essentiellement de reliques de processus inachevés. Car, comme le déclare l’artiste : « il s’agit bien là d’un travail sur la trace ; la nôtre à première vue, mais surtout celle que l’autre nous laissera, et qui aura une influence indéniable sur la construction de notre identité. »
     De son installation Absente, elle écrit : « Une table d’écolier fait face aux visiteurs dès l’entrée dans la salle. Aux murs, des cahiers, carnets de notes et papiers d’exercices scolaires sont encadrés sous verre, devenant ainsi inaccessibles à une quelconque retouche, comme parvenant d’un vestige du passé oppressant. Ces éléments encerclent et isolent la table du présupposé élève absent car sa chaise est vide. Mais en nous approchant de la table nous apercevons deux sculptures de mains en plâtre (moulages) posées à plat, paumes sur la table. De la peinture blanche coule du dessous des mains, suggérant une blessure. Les deux taches semblent s’étendre sur les parties gauche et droite de la table. En examinant davantage les deux mains nous pouvons deviner que celles-ci pourraient bien appartenir à un adulte et non, comme on pourrait le croire, à un enfant. Ici l’imagerie est assez forte, voire violente. Elle met en lumière un rapport difficile à l’enseignement et raconte une construction identitaire maladroite voire pénible. L’élève, cet être en devenir, sera façonné de force par une certaine forme d’éducation, pour finalement aboutir à cet adulte amputé psychologiquement. Une amputation d’autant plus handicapante et doublement symbolique que ces mains pourraient bien appartenir à l’artiste, qui prisonnier de ses souvenirs d’enfance, se voit complétement démuni et privé de son outil premier : il ne peut plus créer. »

LD