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Plume II

Hiroko Palmer
    gontapal@free.fr
    92230 GENNEVILLIERS

Artiste japonaise vivant en France depuis longtemps, Hiroko Palmer nous propose une surprenante synthèse de l’art extrême-oriental et de la pratique plastique occidentale contemporaine.
De ses racines japonaises, l’artiste retient une concentration extrême qui la mène à reproduire le même geste s’appuyant sur un protocole prédéfini avec rigueur. Elle l’applique aux matériaux les plus divers : plâtre, latex, coton, papier de soie, graines, cire, teintures végétales… Avec, cependant, une prédilection toute particulière pour les produits de la nature. Ses gestes répétitifs requièrent une concentration sans faille pour être capable de réitérer, sans déviation, le geste générateur initial. Le produit de son travail est donc celui d’une mémoire, de la mémoire d’un geste inaugural, scrupuleusement respecté. Le parallèle avec la méditation zen s’impose naturellement, l’ensemble de tout ce cérémonial ayant pour objectif l’accession à un état d’oubli total. L’artiste nous donne ainsi l’impression de saisir son propre vécu – mais, par un processus d’identification, aussi celui du spectateur – en s’adressant directement à l’expérience.
De l’occident, Hiroko Palmer a intégré les pratiques plastiques, notamment celle des installations, la charge critique sociale ou politique, l’interpellation directe du spectateur, l’interactivité, la cristallisation du temps et de l’espace, la volonté de rupture avec une tradition… Et bien d’autres choses encore…
De son installation Jyomon, Hiroko Palmer écrit : « Le voyage sur l’île de Yakushima, dans l’extrême sud du Japon, a changé mon rapport avec le temps. Sur cette île, couverte de végétation luxuriante grâce au climat pluvieux, on observe plusieurs cèdres millénaires. Plus particulièrement le Jyomon Sugi (cèdre japonais), très impressionnant en raison de son âge estimé à plus de 6 000 ans. Le mot Jyomon désigne une époque de l’histoire du Japon qui s’étale de 15 000 à 300 ans avant notre ère. Face à un de ces troncs, j’ai eu la sensation d’être petite, non pas seulement par rapport à sa taille mais par rapport aux siècles traversés par cet arbre. Pour la première fois, j’étais devant un arbre vivant, vieux de plusieurs millénaires. Peu de temps après, j’ai eu le sentiment d’exister de nouveau dans le temps linéaire, une sensation d’être connectée au temps de cet arbre. Le projet Jyomon est né de cette expérience directe. C’est une tentation de présenter mon ressenti à travers des images gravées ou dessinées sur la base de répliques d’objets et de pots de la période Jyomon, que je réalise dans une démarche d’archéologie expérimentale. »

LD