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Tépistola III (l’enfance)

Martine Hoyas
    hoyas.martine@gmail.com
    79000 NIORT
    site

Depuis vingt ans, Martine Hoyas poursuit une itinérance artistique qui la mène d’un territoire à l’autre, alors que l’assise de son travail reste toujours le même : le papier peint décollé dans des maisons abandonnées.
Inspirée, à l’origine, par la démarche formelle de Supports/Surfaces, elle s’en affranchit après avoir pris conscience que son matériau de prédilection est porteur de messages, de couches de vies, qui ne peuvent se réduire à sa simple surface visible. Dès lors, elle s’intéresse au rendu de ces réalités concrètes, selon ses propres mots, latentes dans le support, sans recourir à l’illusionnisme ni à la figuration picturale.
Le décryptage des différentes strates de ces palimpsestes fait resurgir une sorte de mémoire des lieux, des traces de vies, des chroniques collectives qui ne peuvent qu’interpeller le spectateur, incité à projeter sa propre expérience, ses pulsions refoulées, sur les lambeaux d’une réalité désuète et apparemment anodine. Il en résulte une prise de conscience de la fragilité des choses. Les faits et gestes humains, les joies et les malheurs de la vie, les épisodes intimes ou publics, sont réduits à des traces ambigües, juste des indices dont l’interprétation n’est jamais univoque.
C’est donc la structure même du corps social qui est convoquée et questionnée, avec la mise en évidence de ses incohérences, de ses oublis impardonnables et de ses gloires éphémères.
L’installation Tépistola III [l’enfance] appartient à un triptyque de tipis, intitulé Habit-âges, qui interroge les trois âges de la vie : l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte.
L’artiste la décrit en ces termes : « Il est constitué d’un patchwork d’empreintes de papiers peints, transférées sur une surface translucide, cousues entre elles, comme autant d’identités assemblées. Dans l’obscurité, un foyer lumineux posé dans sa panse, transforme le tipi de peaux colorées en une chapelle ardente et hypnotique. Son éclairage projette sur les parois intérieures – telles des étoiles filantes tournoyant dans le ciel – une allégorie de notre société de consommation pleine de logos lumineux porteurs de songes bienfaiteurs qui dessinent une ronde sur les parois, accompagnée par une berceuse mécanique qui rythme la danse. Sa texture organique, mise en lumière, souligne ainsi des états, des anachronismes, des absurdités, qui sous-tendent des échecs, des dérives dans l’itinérance autant physique que mentale. »

LD