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La série du LE

EB
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    85560 LONGEVILLE-SUR-MER
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EB, alias Élodie Briot, nous propose des œuvres en volume, fragiles et délicates, qui prospèrent et prolifèrent à la manière d’une ville chimérique ou d’un processus organique improbable. Elle y mêle divers matériaux qu’elle réunit pour leurs caractères opposés. Par exemple, le Plexiglas transparent, froid, coupant et rigide cohabitera avec des filins opaques, soyeux, doux et mobiles.
Ses points de départ et d’arrivée restent le dessin qu’elle pratique depuis toujours. Ses œuvres récentes résultent de sa volonté de donner une troisième dimension à la feuille de papier. Le filin blanc y joue le rôle du trait noir de la mine de plomb. Il peut s’exprimer dans l’espace, comme le ferait une ligne dessinée, ou enrober une forme, tel le graphite du crayon opacifiant un aplat plus sombre. Avec, au passage, une inversion des non-couleurs, un passage au négatif, le trait noir en deux dimensions devenant blanc dans l’espace.
Dans ces structures labyrinthiques en 3D, le regard est entraîné, presque contre son gré, vers une quatrième dimension, celle du rêve et des fantasmes. Une forme d’enlèvement, de rapt visuel, dont personne ne se plaindra.
Son installation La série du LE se présente comme un meuble de rangement à quatre étagères. Sur trois d’entre elles, deux pièces sont juxtaposées. Sur la quatrième, une seule œuvre s’étale sur toute la largeur du rayon. Première contrariété, car ce que l’on avait saisi comme un exercice démonstratif achoppe sur cette dissymétrie. Quand les pièces sont en paires, l’une se présente comme un volume opaque, avec des ouvertures qui permettent de constater qu’il est creux. On pense à la coquille d’un gastéropode inconnu ou à la mue d’un animal incertain. L’autre ressemble à un squelette ou à la reconstitution fil de fer d’un volume. Tout est fait pour inciter le spectateur à imaginer qu’il s’agit du même volume rendu de deux façons différentes : plein et disséqué, comme sur une planche anatomique… Le regard est immédiatement mobilisé pour essayer de comprendre en quoi les deux vues se ressemblent et diffèrent… Pour conclure que la première impression était fausse. Il ne s’agit pas de la même forme. Mais, qu’il le veuille ou non, l’observateur a été contraint à entrer dans un exercice pour lequel il n’avait pas donné son consentement… Nouvelle tentative, réussie, de kidnapping oculaire…
Les pièces sont sommairement étiquetées comme des échantillons dans les réserves d’un muséum d’histoire naturelle ou dans l’annexe pastique d’un musée Dupuyrien d’un nouveau genre. Sans le formol… Ce qui est tout à fait sain pour de l’art vivant…

LD